Église Sainte-Eugénie, un patrimoine à sauver

À l’issue d’une véritable enquête menée sur plusieurs mois, les experts ont livré leur diagnostic et leur préconisation des travaux de restauration de l’église Sainte-Eugénie, joyau du patrimoine et de l’identité de Biarritz. Accompagnée par la Fondation du Patrimoine, la Ville fait appel au mécénat via une campagne d’appel aux dons.

En février 2023, suite à un léger séisme, de nouvelles fissures étaient découvertes sur les voûtes de l’église Sainte-Eugénie. La Ville de Biarritz ordonnait aussitôt la fermeture de l’édifice et sa crypte au public. Chargée de la mise en sécurité du site, une équipe menée par l’architecte du Patrimoine Isabelle Joly procédait à l’étaiement des parties dangereuses et fragiles, en particulier les voûtes du transept nord et de la travée côté nord. Une véritable enquête pouvait alors débuter. Car pour diagnostiquer les cicatrices de l’église Sainte- Eugénie, il a fallu plonger dans ses fondations et, dès lors, dans son histoire. Un bureau d’étude spécialisé dans la géotechnique a donc été missionné pour une étude de sols et une instrumentation de l’édifice.

Des sondages ont été réalisés jusqu’à 20 mètres sous la chaussée pour déterminer la nature de l’assise de la construction (rocher, sables, argiles, etc.) et des piézomètres ont été posés pour observer les variations des niveaux d’eau dans le sol. Des inclinomètres ont par ailleurs été installés le long du mur de soutènement du boulevard du Maréchal Leclerc, qui surplombe le port des Pêcheurs, afin de surveiller ses mouvements.

Une année d’observations

 Sur l’église elle-même, des jauges et des capteurs ont été installés sur les fissures et les données collectées par un ordinateur qui enregistre les mouvements en temps réel et qui peut donner l’alerte en cas de désordre soudain. Une année entière, soit un cycle de quatre saisons, a été nécessaire aux techniciens pour ces observations. La météo est en effet en capacité d’influencer les mouvements.

Avec la pluviométrie et l’ensoleillement, les fissures peuvent se « dilater » et se « rétracter » entre l’hiver et l’été, tandis que les sols se gorgent d’eau lors des gros épisodes de pluie. À l’issue de ces investigations géotechniques et géométriques, l’équipe de spécialistes a procédé à l’analyse de milliers de données et à un diagnostic complet afin d’orienter la Ville de Biarritz sur les travaux de consolidation et de restauration de l’église Sainte-Eugénie.

Le 3 avril dernier, lors d’une réunion publique au Bellevue, Mme le Maire, Maider Arosteguy, son équipe municipale et les experts du dossier ont livré aux Biarrots les conclusions de ce rapport architectural et patrimonial. Une campagne d’appel aux dons, menée par la Fondation du Patrimoine, a été lancée.

Le diagnostic

Pour identifier le mal, il fallait parfaitement connaître la patiente. L’architecte du Patrimoine Isabelle Joly s’est donc plongée dans l’histoire de l’église Sainte-Eugénie. L’édifice a été construit par l’architecte Ernest Lacombe, en lieu et place d’une première chapelle, dédiée à l’impératrice, édifiée en 1856. De style néogothique, l’église se caractérise par sa pierre de taille, à double parement de maçonnerie : pierre grise d’Arudy à l’extérieur et pierre blonde des Charentes à l’intérieur. Elle accueille des décors et mobiliers patiemment collectés par l’abbé Gaston Larre, premier curé de la paroisse Sainte-Eugénie, enterré dans la crypte.

Elle est ornée de 48 vitraux, véritables chefs-d’œuvre aux couleurs vives et motifs complexes. La complexité, c’est également ce qui caractérise la nature du sol sous l’église, patiemment étudiée par l’équipe de géotechniciens missionnée par la Ville de Biarritz. On y trouve un ensemble très hétérogène constitué de roches dures avec des vides karstiques, sorte de « grottes vides » à l’intérieur du rocher, et de zones de remblai de sables mous tout autour.

Si sa superstructure est bien construite, l’édifice présente aujourd’hui un état d’instabilité dans une zone circonscrite côté nord, nécessitant des travaux de consolidation géotechnique. Certaines des pathologies visibles dans l’église, conséquence de fortes tractions sur les maçonneries, sont assez anciennes car les fissures sont parfois rebouchées. Ce mouvement est donc lent mais toujours actif.

Les préconisations pour la restauration

L’équipe de spécialistes propose trois grandes étapes pour la restauration de l’église Sainte-Eugénie, établies par mesures d’urgence. La première urgence consiste notamment à consolider les sols et à renforcer les fondations, avec deux procédés techniques à l’étude (pose de micropieux ou injection d’un coulis à base de ciment), mais aussi à réparer les fissures et les voûtes en briques. La deuxième urgence vise à restaurer la totalité du clos et couvert de l’église (maçonneries, couverture, zingueries, vitraux et menuiseries), ainsi que le clocher. La troisième urgence consiste à restaurer l’intérieur de l’église, en prenant en compte la mise en valeur du mobilier remarquable, ainsi que le nettoyage et la remise en service de l’orgue. Le coût estimé de cette opération, décomposé en trois tranches, s’élève à plus de 10 millions d’euros.

Concert de soutien

Organisé par la Fondation du Patrimoine et la Fondation Rocamadour-Musique sacrée, un concert au profit de l’église Sainte-Eugénie aura lieu le 4 juin à 20h30 en l’église Saint- Martin. L’Ensemble la Sportelle interprétera le répertoire suivant : cantates de Bach, motets de Mendelssohn et pièce pour orgue. La recette sera reversée au profit des travaux de restauration de l’église Sainte-Eugénie 

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Dernière mise à jour le 23 mai 2025